Régulièrement des erreurs paraissent ici et là. Article pour faire le point au 3 février 2023 avec 3 temps : - Les raisons du changement législatif - Les modalités des contrôles - L'organisation Les raisons du changement législatif Ce matin, j'ai pu lire que ce serait en raison de contrôles négatifs trop fréquents. C'est faux. Les rapports de la DGESCO ( ici et là ) ont toujours établi le contraire avec une quasi totalité de contrôles positifs ! Quand on connaît en plus les attentes pour les familles sans école, on ne peut que douter d'une telle raison. Ainsi, parmi les excès de zèle, la semaine dernière encore, une maman s'inquiétait tant l'inspecteur était allé chercher la "petite bête". La fillette avait réussi tous les exercices demandés, il a regardé le cahier et s'est focalisé sur un "b" écrit "l" en début d'année.. pour une enfant de CP ! Heureusement, la majorité des contrôles se passent bien et les personnes en cha
Nouveau témoignage reçu en privé, merci encore Manon d'avoir développé celui-ci en répondant à mon interview !
1- Bonjour Manon et merci d'avoir accepté mon invitation.
Pourrais-tu te présenter en quelques mots?
Je m'appelle Manon, j'ai 37 ans et je ne suis jamais allée à
l'école. J'ai exercé comme pianiste concertiste et accompagnatrice durant un
peu plus de dix ans et maintenant je me consacre à l'Aïkido (que je pratique
depuis l'enfance). Je travaille aussi dans la communication digitale pour des
associations.
2- Êtes-vous un jour allée à l'école ?
Je réponds toujours que je ne suis jamais allée à l'école.
Mais à vrai dire j'y ai passé 4 jours ! A 5 ans j'ai voulu essayer
l'école, je me demandais comment c'était ! J'ai tenu 4 jours avant de
décréter que je n'y retournerais plus jamais. J'avais compris !
3- Aviez-vous des frères et sœurs ? Si oui, étaient-ils
également instruits en famille ?
J'ai une sœur, de trois ans plus jeune qui elle aussi n'a
jamais été à l'école.
4- Quel choix d'instruction avaient fait vos parents ?
Mes parents n'ont fait aucun choix d'instruction ! Ne
pas nous scolariser est une décision qui a découlé de leur parcours, de leur
remise en question du monde et de notre société. Et puis aussi des premières
années passées avec nous, d'une écoute, d'une attention à nos besoins. Il
s'agissait finalement de vivre avant tout. De vivre avec nous. C'était une
démarche philosophique et politique. Si vraiment on veut l’apparenter à quelque
chose je dirais probablement du unschooling. Mais pour moi ça restera
avant tout une vie ensemble. Et des apprentissages qui se sont faits, parfois
avec quelques difficultés, mais qui n'en a pas ?
5- Quel regard portez-vous sur votre enfance ?
Une impression de continuité. Nous avons passé toutes nos
journées, ma sœur et moi, à jouer, à lire, à jouer, à parler etc. Du matin au
soir. C'était donc quelque chose de très fluide, il est impossible de décrire
une journée, aucune n'était pareille, sans être vraiment différente. Un temps
infini, ponctué de rencontres, parfois d'activités, parfois de difficultés.
Aussi une présence permanente de nos parents, et un dialogue qui ne s'est
jamais interrompu. Quelles que soient les situations, toujours nous avons
parlé, analysé le monde, les situations. Nous nous sommes interrogés, nous
avons parfois pleuré, mais cette communication ne s'est jamais arrêtée.
6- Quel est le regret que vous pourriez avoir ?
Aucun. Ça paraît peut-être étrange ou prétentieux mais je
n'ai pas de regrets. Tout n'a pas été rose, nous avons traversé en tant que
famille des moments difficiles, mais je ne regrette rien, car nous avons vécu
les choses ensemble et pleinement. Nous avons traversé des épreuves, en gardant
un cap intérieur, vivre intégralement tous les moments de nos existences.
7- Quel est votre plus beau souvenir ?
Marcher dans Paris tous les quatre. Sans but précis, sans
horaires, pour le plaisir de marcher, comme on arpente un territoire. Pour mes
parents Paris était leur territoire et nous marchions avec eux. Les jours
d'hiver, froids et secs, où le ciel parisien est bleu, sont irrémédiablement
associés à ces journées de mon enfance.
8- Quels diplômes, études, voie professionnelle avez-vous
choisis ?
J'ai étudié dans les conservatoires de musique parisiens, j'y
ai d’ailleurs découvert un monde très scolaire ! Mais j'étais déjà
adolescente et j'avais choisi d'y suivre certains cours, j'ai donc supporté cet
environnement, jusqu'à un certain point. Finalement je suis devenue pianiste et
je me suis spécialisée dans le rôle de pianiste accompagnateur, car j'aimais
jouer avec d'autres musiciens, pas uniquement en solo. J'ai travaillé avec des
gens très compétents, des chefs d'orchestres, des chefs de chœurs, des
chanteurs, j'ai même travaillé dans les conservatoires de Paris et à
l'université de la Sorbonne. Et tout cela sans avoir le Bac, sans avoir même
vraiment les diplômes musicaux nécessaires. J'avais les compétences bien sûr
sinon les gens ne m'auraient pas engagée, mais les diplômes, finalement,
venaient après. J'ai travaillé ainsi plus de dix ans uniquement sur
recommandation ! En parallèle j'ai continué à pratiquer l’Aïkido que
j'avais commencé enfant avec mon père. Aujourd'hui, ayant eu un enfant, mon
rythme de vie a changé et j'ai eu le désir de changer d'orientation
professionnelle. J'ai choisi de me consacrer à l'enseignement de l’Aïkido et de
travailler aussi dans la communication digitale. Ce sont des activités qui me
permettent aussi plus de souplesse et de m'adapter à notre rythme de vie.
10- Avez-vous le sentiment que votre enfance vous a permis d'être
plus épanouie ? de mieux savoir ce que vous vouliez choisir ?
Elle m'a permis de grandir sans la peur. Et au vu de ce que
je vois chez la plupart des adultes, c'est déjà énorme ! Je suis quelqu'un
de très ordinaire, mais je vois bien que je ne partage pas certaines peurs. La
peur de l'avenir ou la peur de ne pas être aimée, par exemple. La peur
d'échouer aussi. J'ai grandi en sachant que j’étais capable. Ni invincible, ni
supérieure, juste capable. Si je ne sais pas, j’apprends, parfois cela m’embête
et je rechigne. Mais si j'en ai vraiment le désir je sais que c'est possible.
La société nous présente souvent une façon de faire unique, une façon d'exercer
un métier comme si c'était la seule, mais il y a en fait une multitude de
façons de faire.
Je n'ai pas fait de grande carrière internationale, mais j'ai
pu exercer comme pianiste, monter sur scène, enseigner etc. Par des chemins un
peu singuliers, un peu à part, il fallait ne pas se laisser piéger par ce qu'on
faisait miroiter à tous les étudiants du conservatoire : la grande
carrière. Mes parents ont été très attentifs à ce genre de choses. Là aussi je
n'ai pas affronté seul ce milieu, j'ai été accompagnée vers la réalisation, non
pas d'un rêve inatteignable, mais plutôt vers trouver les chemins qui me
permettraient de vivre cet art."
Manon est également à retrouver ici : article sur l'aïkido et le fait de naitre fille.
Manon est également à retrouver ici : article sur l'aïkido et le fait de naitre fille.
Merci d'avoir lu cet article et à bientôt !
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