Une circulaire datée du 5 janvier 2023 ( lien ici ) vient rappeler que la loi N°2021-1109 du 24 août 2021 "confortant le respect des principes de la République" prévoit la création d'une instance départementale de prévention d'évitement scolaire et que celle-ci doit rapidement être mise en place. Celle-ci vise à vérifier que chaque enfant est inscrit dans une école ou bien a reçu l'autorisation pour l'instruction en famille. Pour cela est organisé un recoupement d'informations entre les académies, les élus locaux (mairies donc), CAF, services du département, etc. Un identifiant national unique est donné à chaque enfant pour s'assurer du suivi. L'instance travaille en collaboration avec la cellule de lutte contre l'islamisme radical et le repli communautaire. Si un enfant concerné par l'obligation scolaire (3 à 16 ans ; 3 ans ou un peu moins puisque l'obligation scolaire commence en septembre de l'année des 3 ans) n'est pas i
Merci encore Ann d'avoir répondu à mon invitation en répondant à mon interview !
Vous aussi, vous aimeriez témoigner ? N'hésitez pas à me contacter (traits à droite du blog, onglet contact).
Peux-tu nous présenter ta famille ? (nombre d’enfants, âge, parents qui travaillent tous les 2 et/ou bénévole ?)
Bonjour ! Oui sans
problème ! Nous sommes un couple franco-arménien et avons une fille de
presque 8 ans. Mon mari travaille pour une ONG Suisse et moi, je gère un projet
de crèche en forêt de façon bénévole. Nous avons toujours pratique l’IEF car
ce mode d’instruction correspond bien à notre façon de vivre et à nos multiples
déménagements de pays en pays.
Vous vivez désormais en Suisse, est-ce une destination choisie ? Si oui, pourquoi ?
Effectivement, la Suisse est
notre dernier pays en date et c’est effectivement une destination choisie car
ce pays, étant central, nous rapprochait de nos amis et familles. De plus,
l’IEF y étant autorisé, c’était parfait pour nous ! (Nous avions eu une opportunité d’aller à Chypre, mais comme ce pays n’autorisait
pas l’IEF, je n’ai pas vraiment souhaité poursuivre le processus). Et nous
ne le regrettons pas !
Peux-tu nous présenter la loi concernant l’instruction en famille Suisse ?
Ici, en Suisse, l’instruction
obligatoire commence à l’âge de 4 ans et l’instruction publique est du ressort
des cantons : ainsi, l’Instruction En Famille (IEF), autorisée en Suisse,
est, elle aussi, gérée différemment selon les cantons.
Il faut savoir que la plupart
des cantons exigent, pour qu'il y ait une scolarisation à domicile, que le
parent instructeur ait un titre d'enseignant correspondant au niveau de leurs
enfants, ou bien que la famille engage un précepteur. Mais dans le canton de
Genève, comme la loi sur l’instruction publique (LIP-C1 10), Art. 9, stipule : « Principe : Tous les enfants habitant le
canton de Genève doivent recevoir, dans les écoles publiques ou privées, ou à
domicile, une instruction conforme aux prescriptions de la présente loi et au
programme général établi par le département », le canton ne peut en
principe pas refuser une demande d’IEF, peu importe le diplôme possédé par les
parents. Cette exigence serait, on peut imaginer, un moyen de dissuader les
familles de ne pas poursuivre leur désir d’IEF.
La législation genevoise en ce
qui concerne l’enseignement à la maison, déclare au « Chapitre IV
Art. 15(49) Instruction obligatoire », que :
1 Le département vérifie en tout
temps que l’instruction obligatoire dans les écoles privées – dans certaines écoles alternatives, les
élèves doivent être inscrits en IEF en parallèle de leur inscription dans ces
écoles - est conforme aux dispositions légales et réglementaires.
2 L’enseignement obligatoire, lorsqu’il
a lieu à domicile, est également contrôlé.
3 Si le département constate que
l’instruction donnée dans une école privée ou à domicile
est insuffisante, il prend les mesures qui s’imposent ; il met notamment en demeure les parents ou les tuteurs des enfants de les envoyer dans une autre école ou de les confier à d’autres professeurs.
est insuffisante, il prend les mesures qui s’imposent ; il met notamment en demeure les parents ou les tuteurs des enfants de les envoyer dans une autre école ou de les confier à d’autres professeurs.
Quelles sont les obligations des familles ?
Dans le canton de Genève, il y a quelques étapes à respecter pour faire
une demande d’IEF :
·
Une demande initiale à envoyer au Département de l’Instruction Publique
(DIP) annonçant l’intention des parents d’enseigner à la maison
·
Une réponse du DIP parvient à la famille quelques jours/semaines plus
tard dans laquelle cette dernière trouvera un formulaire « Enseignement à
Domicile » à remplir en vue du rendez-vous avec le DIP et la date de ce
rendez-vous qui permettra à la famille de présenter le programme décrit dans le
formulaire
·
La réception d’une lettre d’approbation en provenance du DIP autorisant
la famille à pratiquer l’IEF.
Cette demande est à renouveler
chaque année.
Ainsi, le Canton de Genève
demande à ce que les familles qui veulent pratiquer l’IEF, envoie leur demande
par écrit au DIP en expliquant brièvement les raisons de ce choix. Un
rendez-vous, obligatoire, leur est communiqué quelques semaines plus tard par
courrier postal et la famille se rend dans les locaux du DIP afin d’expliquer
plus en détails le programme de leur année à venir et ce, avec l’aide du
dossier joint à la convocation. L’unschooling est interdit et le programme
présenté doit être calqué sur le programme cantonal. Il faut ainsi présenter un
emploi du temps et détailler chaque matière en expliquant comment la famille
compte s’y prendre pour traiter les sujets et atteindre les objectifs. Bien
évidemment, dans la pratique, les familles avancent au rythme des enfants sans
vraiment suivre le programme établi en début d’année car bien souvent, les
enfants en IEF avancent plus rapidement. Et pour ceux qui ont des difficultés
d’apprentissage (souvent liées à des problèmes dys ou à des phobies scolaires),
les familles s’adaptent également sans suivre le programme car de toute façon,
celui-ci ne convient pas à l’enfant.
Concernant le suivi, en fin d’année,
les familles reçoivent une convocation pour se rendre de nouveau dans les
locaux du DIP afin que l’enfant soit testé. La première année (4 >5 ans),
l’enfant n’est pas vraiment testé, mais il y a une discussion avec les parents
et l’enfant pour savoir comment cela se passe, comment l’enfant apprend, si la
famille rencontre des difficultés et l’on demande à l’enfant d’effectuer 2-3
petites choses : tout est consigné dans un dossier, donc mieux vaut ne pas
s’épancher ! Ensuite, les enfants sont testés chaque année sur les
matières maths et français et reçoivent quelques semaines plus tard un
courrier, qui leur confirme ou non la validation de l’année d’IEF. Je trouve,
pour ma part, cela très réducteur d’évaluer simplement sur les maths et le
français car en IEF, on fait généralement un tas de choses très intéressantes
et originales, notamment en Sciences, mais aucun intérêt n’est montré pour tout
cela. Vous pouvez bien sûr amener ce que vous avez fait durant l’année, mais ce
n’est pas certain que les personnes qui font passer les tests (psychologues)
s’y intéressent car aucune progression n’est attendue dans ces domaines. C’est
aussi frustrant pour les petits qui sont enthousiastes à l’idée de présenter ce
qu’ils ont fait durant l’année mais qui ne rencontrent pas l’intérêt attendu de
la part de la personne en charge des tests.
Ensuite, quand les enfants
sont plus grands, vers 11 ans je crois, les matières sur lesquelles ils sont
testés sont plus variées et on commence enfin à s’intéresser à autre chose que
leur niveau en maths et français. Voilà pour le Canton de Genève. Le canton de
Vaud, pour ne citer que lui, est beaucoup plus libre tant sur le processus que
sur la méthode d’IEF choisie.
Les personnes du DIP accordent
également une grande importance à l’aspect socialisation/sociabilisation et
questionnent toujours les parents sur comment ils comptent travailler ce point,
comment ils vont intégrer l’enfant dans des groupes, dans des activités, etc.
Le DIP informe les parents qu’il existe un groupe IEF sur Genève et invite
fortement les nouvelles familles IEF à prendre contact avec ces autres
familles. Cette question de la « socialisation » semble inquiéter et
est récurrente dans tous les pays que j’ai traversé, comme si l’école avait en
premier lieu, cette tâche de « rendre sociable » l’enfant. Quand on
voit les mises en compétition entre enfant, les ségrégations par âge des
classes et des cours d’école, on peut se demander comment cet aspect ressort
comme un élément primordial dès que l’on parle d’IEF…
Au quotidien, comment t’organises-tu ?
Je pensais partir sur du
unschooling, c’est-à-dire des apprentissages autonomes, guidés par l’enfant…et
au fil du temps, je me suis rendue compte que ma fille avait besoin de
régularité, de routine et on est donc passé sur un modèle plus classique avec
du « formel » le matin entre 9h et 11h30. Pendant ce moment, on
travaille le français, les maths, la géométrie, l’espagnol, l’histoire et la
géographie notamment, sans vraiment suivre l’ordre du programme, mais plutôt en
fonction de comment ma fille intègre les choses. Je travaille avec des supports
que j’invente, ou d’après des idées échangées avec les copines IEF ou encore
avec des sites Internet français (il faut dire que je suis le programme
d’enseignement français et non le suisse car une vue
d’ensemble est impossible à obtenir avec le programme suisse).
Ensuite, les après-midis sont
réservés au temps libre, à la visite hebdomadaire à la bibliothèque (20 livres
chaque semaine !), aux activités sportives et artistiques, aux visites des
ou chez les copains, aux visites de musées, aux randonnées en montagne. Un
après-midi par semaine est réservé à la rencontre IEF : des familles IEF
se retrouvent pour partager ensemble de bons moments. La rencontre a lieu dans
des parcs, à la patinoire, dans une salle commune…selon les saisons et les
envies.
Le weekend, notre fille
travaille l’anglais avec son papa (elle est bilingue) et ils ont comme
tradition de se faire des parties d’échec. Cela a été, du coup, introduit dans
son programme IEF comme cela l’est fréquemment dans les écoles du Caucase.
Est-ce que le réseau sans école est actif ?
Il y a peu de familles
inscrites en IEF sur Genève et qui sont à Genève. Beaucoup voyagent donc ne
sont pas vraiment actives dans le réseau. On peut dire qu’on est entre 5 et 10
familles à se voir régulièrement : certaines se voient chaque lors des
rencontres IEF hebdomadaires et/ou organisent des rencontres entre elles selon
les affinités entre enfants. Les plus grands, déjà ados, se rendent dans le
Canton de Vaud où il y a une plus grande communauté adaptée à leur âge. Mais
c’est un plaisir de les voir de temps en temps également car tous, petits et
grands, s’entendant super bien. C’est une petite communauté, mais c’est
vraiment un rendez-vous important pour nous !
- Est-ce qu’il te semble plus facile d’instruire son enfant en Suisse ou en France ?
Je n’ai pas l’expérience d’une
instruction en France car on a voyagé très tôt, presque dès la naissance de
notre fille, mais j’aime le fait qu’en France, on semble s’intéresser à autre
chose qu’aux maths et au français et que souvent, le contrôle a lieu dans le
lieu d’instruction, c’est-à-dire, dans le milieu que l’enfant connait et pas
dans une salle inconnue, dans un bâtiment inconnu et souvent sans la présence
des parents. Après, je ne l’ai pas vécu, donc certains diront certainement que
ce n’est pas le cas pour eux dans leur département et qu’ils préfèreraient que
le contrôle ait lieu en dehors de leur lieu privé. J’aime aussi l’idée qu’en France, on peut
choisir la façon dont on va instruire son enfant, le unschooling notamment, qui
n’est pas reconnu en Suisse. Mais je ne peux pas vraiment comparer les 2 systèmes
sans expérience concrète.
Souhaites-tu partager des regrets, ce qui te semble le plus difficile dans cette expérience (sans école) en Suisse ?
Je n’ai aucun regret, ni au
niveau du choix du pays, ni au niveau de l’IEF.
Souhaites-tu partager des coups de cœur, des moments forts dans cette expérience (sans école) en Suisse ?
On a vraiment trouvé un endroit
merveilleux, entre culture et nature qui nous convient à merveille. On est
vraiment bien intégré dans plusieurs assos et je ne compte plus mes heures de
bénévolats ni les copains qu’on s’est fait à travers ces expériences. On a
aussi un chouette groupe de non-sco, avec des familles présentes aussi quand on
rencontre des difficultés au quotidien. Certains de nos enfants se ressemblent
beaucoup et on prend plaisir à partager nos avances et nos échecs avec des
personnes qui nous comprennent vraiment. Et en général, on trouve les Suisses
vraiment gentils. Tellement gentils, qu’on n’a plus envie de partir ! La
beauté du pays est aussi un argument de choc !
As-tu des conseils pour une expatriation en Suisse ?
Aller au maximum vers les
gens, les associations locales en tout genre, participer à la vie du quartier
même si l’enfant ne fréquente pas l’école (on a plein de copains de quartiers
et tous vont à l’école), s’efforcer de parler français si cela n’est pas notre
langue maternelle, s’intéresser au canton dans lequel on vit et vivre comme un
Suisse et non comme un expatrié, restant dans un monde d’expatriés. Et tout se
passera bien ! Vive la Suisse !
Groupes Suisse en cliquant ici.
En Jura Suisse conditions difficiles pour pratiquer l'instruction en famille.
Merci d'avoir lu cet article et à bientôt !
Cliquez ici pour télécharger gratuitement votre livret "10 clés pour réussir son instruction en famille" et pour découvrir mes autres outils et supports pédagogiques pour l'IEF
Cette semaine nouveau pack Détectives et Naissance !
Découvrez également nos programmes complets de la maternelle au CE2.
Découvrez les nouveaux billets en vous inscrivant à la newsletter située en haut à droite du blog : clic sur "S'inscrire".
Commentaires
Enregistrer un commentaire